Trompeuses, manipulées, au service exclusif des puissants, les statistiques officielles produites en situation coloniale suscitent autant la méfiance de leurs contemporains que des historiens. Pourtant ces statistiques existent, elles ont été financées et fabriquées, ont donné lieu à de nombreuses directives, circulaires et réglementations et abouti à des décisions et à de volumineuses publications. Ces statistiques sont incontournables dans les archives.

Nous proposons d’en faire un objet d’étude et de leur faire dire tout ce qu’elles peuvent nous apprendre des sociétés qu’elles sont censées représenter, de la violence de la colonisation, des rapports hiérarchiques - entre colons et colonisés, entre enquêteurs et enquêtés, entre la métropole et le territoire ultramarin - et des illusions créées par ces mises en chiffres.

Il s’agira aussi de préciser dans quelle mesure ces statistiques influencent les sociétés dont elles proviennent et comment elles sont influencées par ces sociétés.